[Libre] La musique adoucit les moeurs, parait-il

Je me suis sentie obligé...

Un jeudi à l'heure du déjeuner environ. A cet horaire, Arelan aurait du dormir comme une masse, se reposer, manger, lire ou travailler un dossier au pire des cas. Mais peut-être était-ce l'air mitigé, venteux qui semblait prévoir une averse pour la soirée, peut-être était tout autre chose, il s'était plutôt senti pour une balade.

Ainsi donc, il déambulait dans les rues un peu moins remplies, tranquille, paresseux -argh, la simple pensée d'associer cet adjectif au Phantom-, vêtu d'une sorte de costume à peine moins formel qu'à l'habitude, soufflant quelques nuages sans y penser. La faim lui ouvrait gentiment les sens, l'obligeant à apprécier plus le quartier culturel et ses statues de métal. Au loin, un bruit de piano l'accrocha. Il se rapprocha pour mieux entendre la mélodie.

Au pied d'une des fameuses statues trônait un piano -un vrai celui-ci, pas un piano électrique- surmonté d'un panneau coloré : "Play me, I'm Yours / A vous de jouer" sur lequel un jeune pianiste jouait une mélodie sophistiquée. Arelan avait déjà vu de tels piano à New York, sur Times Square notamment ; ces pianos en libre-service faisaient le plaisir de tous, pour un peu qu'un joueur plutôt doué repousse courtoisement les mauvais amateurs. Patient, l'ex New-Yorkais attendit que le pianiste laisse la place -ce qui fit visiblement à regret-, profitant entre temps de ses talents en rangeant la vapoteuse. Ils furent deux ensuite à s'avancer vers le tabouret mais la jeune femme se désista en voyant la tête du nouveau pianiste.

Arelan s'assit calmement, testa quelques touches pour retrouver ses tonalités, puis commença le premier air qui lui vint en tête, en battant la mesure du talon tout en actionnant les pédales quand nécessaire, ne pouvant rapidement plus se retenir de compléter l'air jazzy de sa voix, ni excellente, ni mauvaise.
Sometimes I feel I've got to run away
I've got to get away
From the pain you drive into the heart of me.
The love we share seems to go nowhere

And I've lost my light for I toss and turn - I can't sleep at night.

Once I ran to you
now I'll run from you

This tainted love you've given -
I give you all a boy could give you.
Take my tears and that's not nearly all - oh
tainted love - tainted love.
*

La musique d'un piano vint embellir l'air, d'une mélodie qui lui semblait connue, qui l'empêcha d'esquisser un pas de plus, figeant, dans le temps, comme les partitions de la chanson. Et si d'abords ses pupilles S'étaient dilatées d’intérêt, ses méninges eux cherchaient les bribes de sa mémoire afin d'associer les notes à ses souvenirs, souvenir un peu trop flous. Mais c'est l'impulsivité qui vint à diriger ses gestes. D'un pas rapide et un peu sautillant, l'ange rejoint l'homme au piano.

Une tape d'un doigt sur l'épaule du pianiste, avant qu'elle ne vienne prendre place sur le petit bout restant du banc, s'imposant à sa mélodie comme seconde musicienne. Ses doigts se portèrent aux touches sans réellement demander l'avis à son nouveau partenaire, prenant son rythme, un sourire plaqué au visage alors que ses mains s'étaient mise à jouer - bien qu'énormément rouillée, quand est-ce avait-elle joué du piano pour la dernière fois? Certainement pas dans cette dernière décennie - .

Du moins, la base semblait lui être revenue, Hiro ne fut pas à l’abri de quelques fausses notes, pas qu'elle s'en faisait vraiment, joignant même un sifflement à la chanson, faute de pouvoir chanter les paroles.

BLUH BLUH BLUH ON A RIEN VU. je recopierai plus tard

Et si elle avait eu le vague espoir de pouvoir jouer en duo avec le pianiste - ça n'était pas tout les jours que l'ont rencontrait quelqu'un qui jouait ne chanson que l'ont connaissait! -, Hiro s'était bien trompée, car après avoir tenté de poursuivre, il avait plutôt jeté l'éponge face à tout le zèle de l'albinos. De par ses talents rouillés peut-être aussi, ou simplement par son apparition un peu soudaine dans son espace vital? Va savoir. L'ange avait donc serré les dents, tentant de suivre tant bien que mal sa prestation, malgré qu'elle était assise sur le rebords du banc, s'étirant sur la longueur pour atteindre les touches nécessaires.

Puis, après un moment d'extensions et de contraction - sans tro pde casse ou de fausse notes heureusement - Hiro préféra s'arrêter, se tournant pour poser d'yeux désolés sur l'autre musicien, l’interrogeant du regard, pour tenter de savoir pourquoi il ne jouais plus, pourquoi il ne chantait plus.

- Tu, elle le pointa légèrement, ne joue, la même main décrit un demi cercle pour désigner le piano, plus?

Fit l'ange sur sa voix inaudible, mais ses yeux rouges bien rivés sur le balafré avec qui elle avait bien souhaité partager la chanson. C'est seulement en réalisant son erreur d'ailleurs que la jeune femme à la chevelure nacrée se releva, non sans tordre ses lèvres dans sa gêne.

- Désolé.

Mimèrent cette fois ses lèvres, alors que sa tête s'était légèrement abaissée, un peu honteuse d'avoir ruiné la chanson de l'Artiste par son intérêt un peu trop flamboyant.

Il fit un demi effort pour lire sur ses lèvres, peu motivé, se contentant de déchiffrer les gestes et les mimiques, plus claires. Non, il ne toucherait plus au piano, merci bien. Les concerts se feraient maintenant chez-lui, à huis clos. Tranquille. Il avait retenu la leçon. De toute manière, tout interaction sociale trop audacieuse finissait par le brûler tôt ou tard.

Il secoua un peu la tête et fit un signe du menton à la pianiste, assénant, impitoyable.
I think others are waiting to play.
Puis il glissa sa main dans sa veste pour en tirer la vapoteuse d'une poche intérieure.

Sujet: Re: [Libre] La musique adoucit les moeurs, parait-il

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